[Making of] La musique dans Zelda, les clefs d’une épopée hylienne

Le laps de temps qui s’écoule entre l’annonce d’un livre, sa sortie, et l’arrivée des premières critiques est toujours un mélange d’excitation et de crainte : une fois l’enthousiasme passé, la question qui se pose rapidement est bien évidemment « Est-ce qu’il va plaire ? Est-ce que les objectifs fixés et les problématiques qui se sont dégagées pendant la rédaction vont toucher la plupart des lecteurs ? ». Un livre sur un sujet aussi vaste que la musique dans Zelda ne peut qu’être lacunaire. Si je m’étais écoutée, l’ouvrage serait indigeste, ferait la taille d’une grosse thèse, déborderait de termes techniques, de partitions et d’illustrations… et ne serait sans doute pas encore terminé (d’ailleurs je continue encore de prendre des notes). Aujourd’hui, voici un article un peu différent et très personnel puisque je vais vous raconter l’histoire de la création de ce livre. En espérant que cela vous donne envie de vous y intéresser, et que cela réponde aux questions que se posent certaines personnes s’intéressant à l’écriture de tels ouvrages.

Partie 1 : De la signature du contrat au chamboulement du plan

Quand Damien Mecheri m’a contactée au cours de l’été 2019 pour me proposer d’écrire un ouvrage pour Third, le thème qui mettait tout le monde d’accord s’est très vite imposé (même si je n’abandonne pas l’idée d’un jour sortir un ouvrage sur les jeux Hamtaro). Des années après mon mémoire de master en musicologie sur la série, plusieurs articles sur Link’s Awakening, Twilight Princess ou Ocarina of Time dans la rubrique VGM de jeuxvideo.com, et bien sûr mon article-fleuve prenant la défense de la musique de Breath of the Wild sur le site d’Antistar, il était évident que j’étais loin d’avoir épuisé mon sujet de prédilection. Cela faisait alors un moment que je pensais à publier au moins une série d’articles abordant chaque épisode de façon individuelle (comme j’ai pu le faire sur Gamekult peu après), et cette belle proposition d’en faire un livre et d’essayer d’aller plus loin ne pouvait que me motiver à le réaliser enfin.

Mais une fois le sujet choisi, quelques bases posées et le contrat d’édition signé, la définition du plan de route et sa réalisation sont une toute autre histoire. Zelda est en ce sens aussi génial qu’il donne mal à la tête : parler d’une série qui rassemble un si grand nombre d’épisodes sur une durée si longue oblige forcément à s’imposer des restrictions et un cadre parfois difficile à définir. Certains chapitres coulaient de source : celui autour des compositeurs, sound designers et intégrateurs par exemple, est le premier que j’ai écrit. Il m’a permis de faire le point sur la série en amont du projet en reprenant chaque épisode et personnalité de façon indépendante, mais aussi de couvrir l’histoire du son chez Nintendo à une échelle plus générale en fouillant toutes les sources et interviews à disposition. En parallèle de ces premières recherches concrètes, c’est aussi la période où on a évalué ce qu’il allait être possible de faire ou non dans l’ouvrage, en envoyant des demandes d’interviews (tout en espérant qu’elles aboutissent avant la date butoir, ce qui n’arrive pas toujours : ici par exemple, la moitié des personnes contactées pour le chapitre quatre a répondu).

Choisir l’angle d’attaque pour parler de la musique en elle-même a été bien plus difficile, et à vrai dire, cette partie du plan a pas mal bougé en cours de route. C’est quelque chose de parfaitement normal dans le processus d’écriture, car on peut très bien connaître un sujet, sans pour autant savoir dès le départ de façon détaillée comment on va (ou veut) l’aborder, et encore moins deviner quelles pistes aboutiront aux résultats les plus intéressants. En effet, comment parler de la musique de Zelda ? Comment dépasser le simple « j’aime ces jeux et leurs musiques » qui donne parfois l’impression, sur le moment, qu’on a pas grand chose d’intéressant à en dire par manque de recul ? Il a été un temps question de lister les épisodes les plus emblématiques et importants sur le plan musical, pour les analyser un par un du début à la fin. Cependant, cette approche avait deux points faibles à mon sens : tout d’abord, elle promettait des analyses inégales et sans doute décalées les unes par rapport au autres. Le résultat final risquait de manquer d’unité. Il n’y a pas forcément autant de choses à dire sur la musique d’Ocarina of Time que celle de Link’s Awakening ou Breath of the Wild (qu’il est déjà difficile de couvrir en une seule analyse), mais il n’y a surtout pas les mêmes choses à dire. Deuxième point négatif : sélectionner un nombre réduit d’épisodes, c’était se priver de tous les autres, qui méritaient pourtant largement leur place dans l’ouvrage.

Pour résoudre l’épineuse question du bout par lequel prendre la musique de la série, il a fallu passer par un cheminement tortueux. Il était hors de question pour moi de laisser des épisodes développés par Nintendo de côté, mais pour avoir l’occasion d’au moins tous les mentionner, il fallait réussir à les unir sous des thématiques communes… pas forcément musicales. Ici, prendre de la hauteur sur « la musique de Zelda » m’a montré qu’il était important d’enquêter sur deux questions fondamentales : 1) Pourquoi est-ce que les gens sont autant attachés à la musique de la série ? et 2) qu’est-ce qui relie, au fond, tous les épisodes ? Les réponses à ces deux questions reposaient dans des aspects plus généraux et propres aux jeux, et elles se sont plus ou moins mélangées pour donner naissance aux fondements des chapitres 2 et 3.

Partie 2 : Des pistes d’analyse au défrichage de terrain

Pour moi (et beaucoup d’autres, ce n’est pas un constat très original), deux éléments se démarquent dans presque chaque opus : la place de la musique dans l’univers d’Hyrule, et surtout la récurrence d’un grand nombre de thèmes qui permettent de croiser les épisodes, les rattacher ou – au contraire – les opposer. Mais plus que par la musique, il fallait d’abord passer par une réflexion autour du cœur des jeux : le gameplay est un élément particulièrement important, tant pour nous rendre sensibles aux sons que nous raconter et nous faire raconter Hyrule par la musique, à travers tout un ensemble de relations de cause à effet sonores (relevant souvent du détail). Enfin, au-delà de la construction indépendante du monde ludique et narratif de chaque opus, tous sont reliés par des éléments, personnages et lieux récurrents, qui vont souvent partager des liens musicaux (diégétiques ou non). Plutôt que de repasser plusieurs fois aux mêmes endroits et avec les mêmes personnes en prenant plusieurs jeux depuis le début, j’ai donc décidé d’opter pour une approche plus thématique et dispersée.

C’est ainsi que le deuxième chapitre s’est orienté vers la façon dont musique et gameplay s’entrelaçait, à travers la musique diégétique et les instruments jouables, mais aussi tous les petits détails sonores qui ont affiné l’oreille des fans de la série. Quant au troisième chapitre, j’ai choisi de le concentrer sur les grandes idées récurrentes retrouvées dans l’illustration musicale… un choix qui semble aujourd’hui tout à fait logique, mais qui s’est révélé particulièrement épineux à la réalisation. Effectivement, analyser les jeux les uns après les autres n’a rien à voir, sur le plan de la réflexion et de la réalisation concrète, avec le fait d’analyser des détails musicaux particuliers à l’échelle de plusieurs jeux.

Prenons un exemple : la Berceuse de Zelda. Si je l’étudie dans Ocarina of Time, elle me dit déjà énormément de choses. Parce qu’elle est à la fois symbole extradiégétique d’un personnage et musique diégétique. Parce qu’elle est autant tapis de fond accompagnant sa transformation en Sheik, que mélodie fondamentale intégrée au game design quand le joueur se l’approprie pour ouvrir des portes et résoudre des énigme. Mais si j’examine la Berceuse de Zelda sur 35 ans, soudain, le champ des possibles s’ouvre : quand est-elle apparue pour la première fois ? Comment a-t-elle changé en fonction des épisodes ? Qu’est-ce que cela peut nous révéler sur l’évolution du personnage, ou bien de la vision qu’en ont les différents concepteurs et compositeurs qui se sont succédés sur la série ? Pour avoir assez de matière pour une analyse aussi large et historique, il a fallu que je passe par une étape particulièrement laborieuse : les listes. Pour bien comprendre les fonctions et spécificités de chaque Berceuse de Zelda, il fallait que je retrace leurs occurrences et le contexte de leur apparition dans tous les épisodes que je voulais couvrir. Maintenant multiplions le processus par autant d’autres thèmes qui me semblaient importants : il y avait de quoi faire de très grosses cartes mentales.

Partie 3 : Tout mettre à plat

Il s’agit d’une habitude que j’ai acquise pendant mes années à l’université, mais en général, à part l’introduction et la conclusion que j’écris souvent soit sur un coup de tête (et que je réécris fatalement 40 fois ensuite), soit à la toute fin du projet, je ne couche rien sur traitement de texte avant d’avoir une idée très précise derrière la tête et un plan de l’enchaînement dans lequel je vais présenter les idées. Pour le premier chapitre, c’était simple, puisqu’il s’est principalement axé sur les sources que j’avais à disposition. Il s’est donc structuré, par l’accumulation et la réorganisation des informations intéressantes que je récoltais et notais sur chaque personne dont je parlais au fil de mes lectures. Mais pour les chapitres deux et surtout trois, le parti-pris était de reposer le moins possible sur des sources extérieures, et de favoriser une analyse principalement basée sur mon ressenti, entre autre par souci d’accessibilité au plus grand nombre. Les sources universitaires, notamment, sont venues se rajouter en toute fin de course, pour compléter et enrichir des passages où elles me semblaient vraiment importantes pour souligner certaines notions intéressantes. Mais le reste du temps, la structuration de ces chapitres s’est surtout basée sur mon fil de réflexion propre et les déductions tirées de mes notes.

Organiser les morceaux cités dans l’ouvrage a demandé un peu d’organisation (et encore des listes)

Cette phase de gestation est souvent difficile, facilement déprimante, car c’est un long moment où il ne se passe en fin de compte pas grand chose de concret, à part des gribouillis sur tous les coins de table et un sentiment de confusion de plus en plus fort à mesure que les listes s’enrichissent de nouveaux éléments. On a peur de se tromper ou de s’embrouiller, et on a aussi peur d’oublier des éléments fondamentaux (c’est inévitable, mais louper « la » pièce finale du puzzle fait toujours mal). C’est à ce moment que j’ai notamment commencé à transformer certaines trouvailles en threads et à les publier sur Twitter. Cet exercice que j’avais déjà beaucoup pratiqué pendant mon deuxième master à l’ENSSIB pour vaincre l’angoisse de la page blanche du mémoire de recherche, m’accompagne depuis lorsque je dois préparer des articles ou des conférences, et a une fois de plus été salvateur à plusieurs reprises. Tout d’abord il me permettait de continuer à écrire régulièrement et de me forcer à synthétiser, mais surtout formuler mes idées clairement pour les rendre concrètes et accessibles. Cette étape m’a aussi aidée à approfondir certains passages, trouver comment mettre les bons mots et images sur ce qui me touchait ou me semblait important (ou à revoir ma copie en faisant une découverte inattendue). Mais c’était aussi une source d’encouragement non-négligeable et une façon d’avoir des retours directement de la part des gens qui allaient – peut-être – un jour lire le livre. Écrire est souvent un exercice solitaire, mais il l’était beaucoup moins de cette façon

D’un côté : lister tous les éléments intéressants épisode par épisode pour défricher le terrain (ici : Spirit Tracks)…

Et comme à chaque fois, la grisaille passe, les idées finissent par s’assembler et former un fil logique dans les notes, et l’inspiration vient. Pour ne pas risquer de me perdre, je fonctionnais en fait avec deux prises de notes simultanées pour le chapitre trois : une par épisode, employant un code couleur pour certaines topiques et rassemblant des titres sous différents thèmes à l’intérieur d’un seul jeu, et… une prise de note par thème, rassemblant et mélangeant plusieurs noms de jeux sous divers éléments plus vastes. De cette façon, je pouvais aisément naviguer entre les points de vue macro et microscopiques, et m’assurer que tous les liens que je souhaitais établir s’agençaient correctement d’un côté comme de l’autre. C’était un peu comme une carte sur laquelle on zoome, sauf que les régions, les villes et les marchands ne sont pas du tout au même endroit en fonction du niveau de détail. C’est peut-être un peu nébuleux, mais ça a plutôt bien fonctionné dans mon cas.

… et de l’autre : rassembler tous les épisodes sous des grandes thématiques, avec une approche plus pointue (quelques extraits des premiers relevés des occurrences de l’Overworld et de ses déclinaisons).

Partie 4 : Rédiger, puis éditer

C’était bien beau d’écrire toute seule dans mon coin, mais au bout d’un moment, il a fallu rendre des comptes à l’éditeur et découvrir si ma belle démonstration à base de « toutélié cépourtanclair ! » n’avait pas donné naissance à un terrible gloubi-boulga sans queue ni tête que personne ne comprendrait. Cette tâche s’est étalée entre octobre 2019 (date de l’envoi du premier bout du chapitre 1 pour vérifier si le ton correspondait à la ligne éditoriale de Third) et la fin de l’année 2020. Dès qu’un chapitre était à peu près rédigé, je l’expédiais directement à Damien pour qu’il commence son travail de relecture critique. La rédaction des chapitres 2 à 4 s’est donc faite en parallèle d’une belle valse d’allers-retours, de discussions et commentaires en marge des parties précédemment envoyées. Et si la rédaction s’est officiellement achevée à la fin du mois de juin, la phase de relecture, de discussion et de validation des différentes parties corrigées a continué jusqu’en décembre.

Cette étape est absolument fondamentale, car on peut être aussi calé que possible dans un domaine, les avis extérieurs sont toujours une denrées rare et précieuse. En plus de vérifier la qualité rédactionnelle du texte, ce point de vue « étranger » est aussi important pour soulever les incohérences qu’on arrive plus à voir, certaines failles, ou même pour amener de nouvelles réflexions sur des angles d’approche qu’on a pu louper. Dans ce cas précis, l’ouvrage a de plus une spécificité : comme il parle de musique à un public qui n’a pas forcément de formation musicale, il était important de s’assurer que les concepts soient expliqués de façon accessible et que les aspects un peu plus techniques ne nuisent pas à la compréhension du plus grand nombre. Quand on a l’habitude de manier ces notions, on peut parfois oublier qu’elles ne sont pas évidentes pour tous, et c’est là que l’éditeur et les relecteurs interviennent pour pointer les passages qui ne sont pas assez évocateurs, ou emploient des termes qui peuvent prêter à confusion ou doivent être mieux expliqués. J’avais peur au début d’avoir intégré trop d’extraits de partition dans le chapitre 3 (il y en a une grosse quarantaine), qui pouvaient sembler rebutants pour les non-musiciens, mais en définitive, ils étaient assez courts et parlants visuellement : certains ont été agrémentés de repères visuels pour pointer exactement ce qu’ils soulignaient et mieux faire écho à l’analyse du texte.

Une fois le travail avec Damien bien avancé, il m’a semblé important d’avoir une double-relecture sur le chapitre 3 : ici j’ai demandé à Antoine Morisset, musicologue également spécialiste de la musique dans Zelda de m’apporter son regard d’expert. Cela m’a permis de vérifier que les notions purement musicales étaient maniées correctement, mais cela a également amené des débats intéressants qui m’ont permis d’ajouter quelques détails ou de rectifier le tir avec un second point de vue sur des analyses qui, avec du recul, ne me semblaient plus si pertinentes (au revoir, fin d’analyse perchée du thème d’Exelo, nous te regrettons amèrement). Il faut savoir que l’interprétation des thèmes, de leurs évolutions et récurrences, mais aussi la chasse au références cachées, est toujours ouverte au débat. Le point de vue reste toujours subjectif, et il est toujours très intéressant d’argumenter sur l’organisation des références, pourquoi elles sont là et ce qu’on peut en retirer sur l’intention supposée des auteurs. Antoine va d’ailleurs bientôt publier son premier acte de colloque étudiant les liens entre le jeu vidéo et le romanesque, où il fait une analyse de certains thèmes de The Wind Waker, qu’il n’aborde pas du tout avec le même regard que le mien, apportant encore une nouvelle façon d’envisager le rôle musical charnière de cet épisode dans la saga.

Une fois ce beau monde est finalement tombé d’accord sur tous les détails soulevés de-ci de-là (je remercie au passage mon conjoint qui a également servi de lecteur-test sur les toutes premières versions du livre, soulevant beaucoup de questions bien avant l’envoi à l’éditeur), le livre peut partir pour les dernières étapes : la relecture professionnelle, la création de ce qui deviendra la maquette définitive du livre, puis la relecture sur épreuves. Ce dernier passage de l’auteur sur ce qui deviendra le livre est une étape difficile (une véritable épreuve – hahaha !) : il n’est plus possible de changer grand chose (ajouter des paragraphes entiers par exemple, est exclu), sauf cas de force majeur. Cette étape sert surtout à chasser les dernières fautes, erreurs de mise en page et autres problèmes techniques qui auraient échappé aux premières relectures. Ici, chose un peu inhabituelle, j’étais la première à passer sur les épreuves (l’auteur arrive généralement en dernier, mais mon emploi du temps ne m’aurait pas permis de tenir les délais), avant que les équipes de Third n’ajoutent la touche finale. Mais c’est aussi un moment très agréable, car on découvre à quoi va ressembler le livre : cela faisait longtemps déjà que je gardais pour moi les couvertures classique et First Print réalisées en amont, et je pouvais les mettre enfin en parallèle avec ce qu’on allait trouver à l’intérieur. C’est le fameux moment où tout devient beaucoup plus réel et où le livre s’apprête à prendre une forme physique, ce qui fait toujours quelque chose quand on a l’habitude de publier en ligne.

Fin de l’histoire : et maintenant ?

Et puis le livre a passé les dernières étapes de validation, et maintenant il arrive progressivement dans les chaumières de tous ceux et toutes celles qui se sont laissé séduire par le sujet. Pour autant, à mon sens, le travail dessus est loin d’être terminé. Parce qu’il y a bien sûr beaucoup de questions de la part des lecteurs auxquelles je vais répondre, mais aussi parce que j’ai envie d’explorer les points de vue que je n’ai pas pu approfondir pendant la rédaction. Parmi les plus importantes de la liste, il y a bien sûr l’envie de faire un tour complet de la publication universitaire sur le sujet (encore plus après la sortie du dernier livre de Tim Summers sur Ocarina of Time), mais aussi d’approfondir dès que possible les recherches que j’ai faites autour du chapitre 4. Ce dernier est un tour d’horizon incomplet de la publication de musique autour de Zelda, mais aussi des concerts, et j’ai trouvé beaucoup de choses pendant et après mes recherches qui m’ont donné envie d’aller plus loin. Enfin, l’envie d’aller plus loin dans l’étude des détails plus techniques : la façon dont les consoles fonctionnent, leurs limitations et comment cela a impacté l’écriture de la musique de Zelda (notamment à travers l’usage récurrent de certaines VST) est un des grands absents de l’ouvrage. Mais il n’est pas exclu que je reparle de cet aspect très bientôt dans un autre cadre…

En conclusion, je tiens bien sûr à remercier tous ceux qui ont acheté le livre, et j’ai hâte d’avoir vos retours dessus. C’était une merveilleuse aventure que d’écrire sur ce sujet, une aventure bien sûr semée d’embûches de difficultés et d’obstacles concrets (ou de barrières plus psychologiques), mais qui valaient largement le coup d’être surmontées. Pour finir, je vais répondre aux questions qui m’ont été posées sur Twitter par rapport à la rédaction, même si certaines ont sans doute trouvé un écho dans les lignes précédentes :

  • Est-ce que tu as une méthodologie précise et structurée pour écrire, ou tu laisses vagabonder ta plume et tu tries après ?

Je structure toujours tout et tout le temps, sinon je sais que je vais perdre le fil de ma propre pensée en cours de route. 😀

  • Quelle est ta méthode de travail ? 🙂 Cela m’intrigue, on a toutes et tous des manières de faire très différentes. Pour ma part, j’écris beaucoup au feeling sans véritablement faire de plan très élaboré – et souvent j’écoute une musique en lien avec ce que j’écris.

Généralement, quand je connais déjà bien le sujet (comme ici), je pose les grandes idées en vrac et je les organise dans le sens qui me semble logique pour en faire ressortir les grands axes potentiels. Puis je commence à faire des recherches et j’affine les parties au fur et à mesure (quitte à restructurer différemment en cours de route). Pour la musique, j’écoute évidemment les OST des jeux dont je parle (ou les compositions des personnes sur lesquelles je fais des recherches), mais dans les passages vraiment centrées sur l’analyse musicale, je passe toujours par une étape d’écoute unique (ou je ne fais que ça en prenant des notes), et je n’écoute généralement pas de musique en écrivant, par souci de concentration et pour éviter d’oublier les thèmes dont je veux parler.

  • Au delà de ta méthodo, j’aimerai avoir des infos sur la maturation du projet, comment c’est venu, le passage de l’hypothétique au concret.

Comme je l’ai expliqué en début d’article, c’est allé assez vite et naturellement : le sujet a été trouvé très rapidement au cours de l’été 2019, et j’avais déjà des bonnes bases dans mes propres travaux sur lesquelles revenir. Donc j’ai rapidement commencé à amasser, lister et compléter toutes mes ressources dans les mois précédant le début de la rédaction (cela a pris bien 3-4 mois). Après je n’ai plus eu qu’à tout lire (et écouter, les recherches autour du chapitre 4 ont pas mal occupé mes trajets de train à une époque) et commencer à plancher sur la première partie avant d’embrayer sur la suite.

  • Ce que tu ne pensais pas faire ou traiter et que tu as fait. Ce que tu aurais aimé faire mais que tu n’as pas pu (et pourquoi ?)

Je n’étais pas sûre de parler des épisodes un peu à part, comme les Oracles ou Minish Cap, car ils n’étaient pas développés par Nintendo. Et puis ça m’a semblé trop dommage et j’ai trouvé plus de choses à dire dessus que ce que j’imaginais au départ. La même chose vaut pour Hyrule Warriors, même si je n’y ai consacré qu’un seul paragraphe et que le manuscrit était rendu à la sortie de L’ère du Fléau. J’aurais aimé pouvoir interviewer les compositeurs de Nintendo pour avoir plus de choses concrètes à dire sur leur vie, leur travail et leur rapport à la série, mais il était évident dès le début de l’ouvrage que ce ne serait pas possible.

  • Est-ce que c’est pas trop compliqué de mettre sur papier des explications musicales. Je veux dire que par rapport aux différents thread que tu fais ici, tu perds la possibilité de faire écouter ce que tu décris. Ça complique pas trop la tâche ?

Ce n’est jamais facile de parler de musique sans accompagnement sonore en parallèle, et ça a été un des défis effectivement. Après, j’ai l’habitude d’écrire sur la musique et de la décrire avec des mots en envisageant la possibilité de ne pas illustrer ce que j’écris. C’est forcément moins vivant, mais on a beaucoup de vocabulaire pour expliquer les spécificités des thèmes sans trop perdre de sens (on peut nommer les instruments, décrire les timbres et les situations…), donc je n’ai pas eu tant de difficultés que ça au final.

  • C’est quoi le passage sur lequel tu es le plus revenu ? (genre impossible d’accoucher d’un truc qui te convienne)

L’introduction et la conclusion du livre (et des parties)… Mes éternels ennemis parce que j’ai toujours envie de commencer par « Bonjour, voici un truc que j’ai écrit, vous savez déjà de quoi ça parle si vous êtes là, donc euh, bonne lecture ! » (je déteste les introductions trop longues). Et pour la conclusion, je manque souvent de choses à dire donc j’ai envie d’écrire « Eeeeet, voilà. » et j’ai toujours du mal à récapituler sans oublier les 3/4 des choses importantes que j’ai envie de rappeler au lecteur. 😀

L’ouvrage est disponible depuis le 8 avril en librairie, et peut être commandé directement sur le site de Third Editions.

Pour en savoir plus sur le livre, plusieurs interviews et critiques ont déjà été publiées au format audio ou écrit :

  • Une interview-fleuve avec Sylvain Charroy de Puissance-Zelda, disponible sur youtube et le site
  • Une discussion avec Pierre-William Fregonese dans le podcast Otomo Izakaya
  • La critique du livre par Erwan Higuinen dans les colonnes des Inrockuptibles
  • Une interview réalisée par Pierre Trouvé pour la rubrique Pixels du Monde

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